THE FRIENDS FROM CHILDHOOD - Une bouffée d'air frais feat Emma & Sissy

(n°2) Une bouffée d'air frais feat Emma & Sissy

Syrielle Lightwood & Emma De Lornet

Un tendre sourire apparait au coin de mes lèvres, un de ceux qui se font si rares ces derniers temps. Je regarde mon père faire preuve d’une telle concentration qu’il en oublie ma présence. C’est une chose à laquelle je suis habituée depuis enfant ce qui ne m’a jamais empêché de le regarder travailler avec une curiosité dévorante. Léon De Lornet. Comme une grande partie de notre famille par le passé, il a ce petit brun de folie qui le rend si attachant. Il n’a pas la tête d’un savant fou. C’est un homme brillant et incompris. Magnus répétait qu’il lui rappelait un autre chasseur d’ombres qu’il avait connu par le passé. Selon lui, il serait amené à inventer des choses très importantes sans même en avoir conscience. Jusqu’à présent ces propos n’ont pas été véridiques, mais je ne perds pas confiance en lui. Ses muscles se contractent tandis qu’il monte une machine dont j’ignore tout et ses runes ressortent, seule chose qui rappelle ce qu’il est. « Je file réviser. » Je lui dis tout en sachant qu’il ne m’a pas entendu. Je dépose un baiser contre sa tempe tandis qu’il libère brièvement l’une de ses mains pour serrer la mienne posée sur son bras. Mon père est et restera toujours mon héros aussi différent soit-il des autres chasseurs d’ombres. De meilleure humeur que je ne l’ai été ces derniers mois, je traverse l’institut afin de gagner ma chambre.

Là m’attendent tellement de livres que j’ai bien envie de repartir dans le sens inverse. Seulement mes examens arrivent à grand pas, la fin d’année est là et je me dois de réussir. J’ai besoin d’avoir la sensation de ne pas tout rater dans ma vie, d’avoir été capable de réussir quelque chose. Je me jette donc sur lit et débute mes révisions qui m’empêchent de voir le temps passer. Ce n’est que lorsque quelqu’un frappe à la porte et que je regarde l’heure sur mon portable que je m’en rends compte. Les douleurs dans mon dos et dans ma nuque lorsque je me lève m’y aident pas mal aussi. J’espère sincèrement ne pas tomber nez à nez avec ma mère. Si je l’aime de tout mon être, une énième confrontation n’est pas recommandée. Devant moi apparait tout sauf cette dernière. « Coucou ! J'suis venue papoter un peu, je ne te dérange pas j'espère ? », « Jamais ! » Je me pousse de devant la porte de sorte  à ce qu’elle puisse entrer. « Comment tu vas ? » Je rejoins mon lit et m’empresse de fermer tous mes livres pour permettre à Syrielle de s’y asseoir. « Mieux maintenant que je vois un visage amical. » J’affirme en lui faisant signe de me rejoindre maintenant que tous mes livres ne sont plus éparpillés sur tout le lit. « Même si toutes ces notions à retenir me donne mal au crâne. C’est encore plus barbant que les cours d’Histoire sur nos origines. Et toi ça va ? » Etant donné le monde dans lequel nous sommes en train d’évoluer - bien différent d’il y a deux ou trois générations - je trouve toujours cette question un peu étrange mais j’aime m’informer de l’état d’esprit des gens, surtout lorsqu’ils me sont proches.

Il y a des moments où j’ai l’impression d’être devenue une étrangère entre ces murs. Pourtant j’ai grandi dans cet endroit. Si j’ai vu le jour à Idris, j’ai néanmoins passé mon enfance et mon adolescence ici, dans l’institut de Chicago. J’ai appris à me battre ici. J’ai reçu ma toute première rune ici. J’ai tout appris ici. Ma vie est ici, ma famille aussi. D’aussi loin que remonte ma mémoire, j’ai toujours pris part à ce monde auquel j’appartiens même si ça n’a pas toujours été simple avec une mère aussi surprotectrice que la mienne. Le nombre de disputes que j’ai pu avoir avec elle est impressionnant. Je n’ai jamais compris la raison pour laquelle elle freinait mes soeurs et moi lorsqu’il s’agissait de partir chasser. Nous sommes nées pour ça. Nous avons grandi avec ça en tête. Mais c’est de la crainte parce qu’aussi impressionnante et ferme qu’elle puisse être, qu’il nous arrive quelque chose lui serait insupportable. Pour cette raison je sais que la trahison d’Elsa la tue à petit feu et qu’elle se noie dans son travail afin d’oublier et que, par conséquent, elle a ce besoin dévorant de faire en sorte que l’image de notre famille reste parfaite. C’est ce qui me fatigue le plus avec le fait qu’elle ne comprend pas ma décision. Ils sont nombreux dans son cas ce qui explique mon impression de n’être qu’une étrangère. Fort heureusement, il y a des exceptions. Parmi celles-ci se trouve Syrielle. Nous nous connaissons depuis des années, depuis toujours.

Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle ne me tourne pas le dos, qu’elle reste là pour moi ? Sa présence m’est réellement bénéfique. Si me plonger dans mes études me permet d’oublier tout ce qui me tracasse en ce moment, être en sa compagnie est mieux encore. « J'ai toujours bien aimé l'Histoire personnellement. Tes exams approchent ? T'a besoin d'aide pour réviser ? » Beaucoup de chasseurs d’ombres aiment l’histoire et aiment savoir d’où nous venons même si beaucoup oublient les raisons pour lesquelles nous avons été créés à la base. Je finis par opiner à l’entente de sa question.  «  Oui. J’ai beau essayé d’apprendre par moi-même, il y a tellement de choses que ça ne veut pas rentrer. Je refuse pas un coup de main. » J’affirme en me redressant. J’ai cette fâcheuse tendance à ne pas me tenir droite lorsque je suis assise en tailleur, une mauvaise habitude qui me détruit le dos. Quant à ma question stupide, Syrielle me répond qu’elle va bien avec cet habituel sourire. Je fronce légèrement les yeux. Je ne suis pas franchement convaincue mais je sais que si elle a besoin de parler, elle le fera d’elle-même, je n’ai pas à la forcer. « Tu bosses sur quoi précisément en ce moment ? » Me demande-t-elle en prenant place sur mon lit. Je tourne donc mon livre aux couleurs pétantes dû au fait que j’ai surligné tout ce que je suis convaincue de devoir savoir pour les prochains examens. « C’est tout ce qui est en rapport avec une procédure neurologique et ses conséquences. C’est très intéressant mais barbant quand tu dois juste retenir et non pratiquer. » J’ai toujours été plus pratique que théorie ce qui explique mes notes aient explosé une fois que j’ai débuté mon internat, mais il y a toujours ce moment où la pratique reprend le dessus afin de réussir la pratique le jour de l’examen.

J’ai cette image - ou plutôt ce souvenir - qui me revient en mémoire. Ces cours durant lesquels j’avais bien du mal à rester concentrer, trop pressée à l’idée d’aller m’entraîner au grand damne de ma mère. Les runes, je les connais désormais sur le bout des doigts, mais il a fallu passer par un long processus avant que ça ne soit le cas. Je me rappelle encore de ces heures passées avec Elsa à réciter tout ce que je savais sur ce que j’avais appris, inventant bien souvent les trois quarts de ce que je disais. A l’époque je n’avais aucune peur de la colère de ma mère parce qu’elle était moins violente que celle d’aujourd’hui. Si déjà à l’époque notre monde n’était pas celui qu’il avait été, elle était moins affolée que ça ne pouvait être le cas maintenant. Elle avait moins perdu. Nous ne sommes pas si différentes que ça. Notre douleur, nous l’exprimons par la colère mais chacune à notre façon. Je contiens le soupire que je sens monter en moi. Je n’ai pas envie d’inquiéter Syrielle avec ça. Elle connait ma situation, elle sait que ce n’est pas facile pour moi depuis quelques mois, mais je ne veux surtout pas en rajouter une couche. Résultat, je me concentre sur quelque chose de plus vrai et de moins enclin à me faire mal : mes cours. Je veux réussir, être capable de quelque chose de bien. Ca n’a peut-être strictement rien à voir avec le monde auquel nous appartenons mais ce savoir sera toujours utile. « J'vais te filer un coup de main. » Me propose Syrielle en attrapant les livres qui nous séparent tandis que je lui explique de quoi il retourne.

« Wow t'a pas intérêt à te rater avec une opération pareille ! Okay alors, par quoi tu veux commencer ? Donne moi les définitions déjà. Et explique les moi ensuite avec tes mots, ça permettra de voir si tu as compris pour toi et pour moi d'arriver à te suivre correctement. », « Okay ! » Dis-je en me redressant malgré ma position toujours en tailleur - la plus confortable si vous voulez mon avis. Je commence donc à pointer la première définition que je lui récite avant de lui expliquer avec mes propres termes, soit des mots mille fois moins scientifiques et beaucoup plus claires. Je continue ainsi pendant une dizaine de minutes avant de la regarder et de rire. « Tu n’as pas tout compris, pas vrai ? Il faudrait que je te montre en même temps ça serait bien plus clair, même moi comme ça je ne suis pas sûre de tout comprendre. » Et puis à mes yeux il n’y a pas mieux qu’un exemple visuel pour retenir une information. « Dis-moi … est-ce que c’est aussi tendu que ça en ce moment pour vous ? » Je finis par lui demander. Ca n’a rien à voir avec mes cours, c’est beaucoup plus sérieux, mais je ne pouvais pas contenir cette question plus longtemps. « Disons que je connais ma mère et même si je sais que le départ d’Elsa l’a retourné, elle n’est jamais aussi tendue, à moins que les choses aillent mal. » Le départ … quelle belle façon de parler de sa trahison, mais si le penser ne m’est pas trop difficile, le dire de vive voix me donnera que trop l’impression que tout ceci est réel.

Il faut l’avouer, dès que Syrielle est entrée dans ma chambre j’ai su que notre conversation n’allait pas tourner uniquement autour de mes cours. Si en effet elle m’aide à réciter ce que je dois savoir, au fond de moi j’ai cette question qui me préoccupe, une question que je n’ai pas été en mesure de poser à qui que ce soit. A vrai dire, je ne sais pas vraiment vers qui me tourner, à qui demander mais puisque je fais confiance à la jeune femme, autant tenter non ? Pourtant l’hésitation me ronge un peu plus au fur et à mesure que je parle de toutes ces choses que je dois savoir sur le bout des doigts pour une intervention neurologique. Est-ce une bonne idée de lui demander ? Ne suis-je pas supposée rester en dehors de tout ça ? Mais comment le pourrais-je ? Il s’agit de mes proches tout de même et de ma famille. Peu importe si j’ai fais le choix de rester éloignée de tout ça, je ne peux pas rester totalement dans le noir, ça me tuerait - enfin peut-être pas à ce point, mais presque. « Désolée. Je t'aide pas beaucoup si je ne comprends pas. », « Ne dis pas de bêtises ! Ca m’aide toujours beaucoup que tu me fasses réciter et tu es bien la seule à t’intéresser à ce que je fais en dehors de l’institut. » Je lui affirme dans un sourire. Ma mère n’a jamais compris la raison pour laquelle je tenais autant à étudier ça considérant que j’avais bien mieux à faire. Quant à mon père … disons qu’il n’est pas le plus loquace lorsqu’il a l’esprit occupé par une probable invention révolutionnaire ce qui arrive les trois quarts du temps pour être honnête. Syrielle est la seule à m’aider tout en démontrant une curiosité naturelle pour ce que j’étudie et c’est vraiment agréable.

Mais, aussi plaisant qu’il soit de parler de ça avec elle, je finis par poser la question qui me brûlait les lèvres jusque-là. Difficile de ne pas remarquer l’hésitation qui s’empare de la charmante Lightwood. Je sais que ça n’annonce rien de bon mais je cache mon inquiétude et ne détourne pas mon regard, attendant sagement sa réponse. « Disons que ça se complique un peu. Elle soupira. On a eu pas mal de pertes récemment, des défections, des morts, des disparitions. » Débute-t-elle avant d’enchaîner sur plus d’explications. Par nervosité, je me mets à jouer avec mes doigts en opinant à quasiment chaque mot qu’elle prononce pour finir par soupirer. « C’est ce que je pensais. Ma mère n’a jamais aimé m’en parler pour ne pas m’inquiéter mais elle avait quand même du mal à me cacher que les choses aillaient mal, maintenant j’ai l’impression que c’est pire encore. » Il faut dire que les Obscurs sont plus nombreux et que le Nouvel Ordre compte bien du monde dans ses rangs. La rébellion est peut-être plus imposante et moins stupide que celles du passé, mais ça n’est pas suffisant pour inverser la balance pour le moment. « Merci d’avoir été franche. Je sais que je ne prends plus part à tout ça, mais vous n’en êtes pas moins ma famille et je n’aime pas être tenue à l’écart de ce qui se passe au sein de celle-ci. » Même si c’est mon choix, mais qu’importe. « Ca va avec Anna ? Elle accepte le fait que tu ne fasses plus parti de la Rébellion ? » De nouveau, je soupire. Annabelle est ma moitié. J’en suis plus proche que je ne peux l’être de mes soeurs mais notre relation est moins parfaite qu’elle n’a pu l’être par le passé. « On va dire qu’elle tente de s’y faire. Je sais que je lui impose quelque chose d’assez difficile parce que je suis sa parabatai et que nous sommes liées. J’essaye de la rejoindre dans tous les combats où elle se rend mais avec ma neutralité c’est pas comme c’était avant. Enfin, je suppose que ça ira mieux avec le temps. » Enfin, je l’espère du plus profond de mon être. Je ne peux pas me permettre de perdre la connexion que j’ai avec elle, j’aurais bien du mal à m’en relever.

Il faut bien le dire, je n’ai jamais compris ces chasseurs d’ombres qui considèrent les terrestres comme des moins que rien. Je sais que c’est encore le cas pour certains mais que la guerre qui sévit dans notre monde les occupe trop pour qu’ils continuent à casser du sucre sur le dos de ces personnes. S’il n’y avait pas de terrestre, s’il n’y avait pas des personnes à protéger des démons et du mal, nous ne serions pas là. C’est aussi simple que ça. Evidemment, je peux comprendre que l’idée d’exister uniquement pour protéger des personnes qui n’ont pas la moindre idée de notre existence et qui, par conséquent, ne peuvent avoir de la reconnaissance envers nous puisse agacer, mais les terrestres n’y sont pour rien. De cette façon, je n’apprécie jamais lorsqu’un chasseur d’ombres me dit clairement ne pas comprendre mon choix. La médecine est un domaine fascinant en plus d’être extrêmement utile. Je ne fais pas ça pour me rapprocher des personnes que nous avons comme mission de protéger, mais bien par réelle passion. Je suis une curieuse de nature, j’aime découvrir et en apprendre plus. La médecine étanche ma soif de connaissance et ce n’est pas négligeable. Toutefois, je suis parfois assez navrée que personne ne porte plus d’intérêt que ça à ce que je fais en dehors de l’Institut. Oh, bien sûr il y a mon père de qui je tiens ma curiosité, mais il est bien trop souvent penché sur ses inventions folles pour m’écouter - ce dont je ne le blâme pas. Syrielle m’apporte ce dont j’ai besoin. Du soutien et la sensation que je ne suis pas folle, que je fais quelque chose de bien.

Ses paroles rassurantes ont sur moi l’effet souhaité. Je souris doucement ce qui, avec moi, est un signe de remerciement. J’ignore ce que je ferais sans son soutien infaillible. Puis, la conversation dérive vers un sujet bien moins joyeux. Encore une fois, je suis la curiosité incarnée. Bien que neutre, j’ai besoin de savoir comment ça se passe pour le mien dans cette guerre et je sais que ma mère se refusera toujours à me dire la vérité, ne serait-ce que pour me protéger. Syrielle, quant à elle, me dit la vérité. C’est une vérité qui fait peur, mais au moins elle est sincère et c’est tout ce que je demande. En revanche, j’avoue sans mal que je me serais passée d’entendre la suite. Pour preuve, je grimace tandis qu’elle me dit que malgré mes choix je me dois de continuer de protéger les terrestres, de m’entraîner et de chasser. Ce n’est pas que je considère qu’elle à tord - bien au contraire - mais j’ai une certaine fierté qui fait que je n’aime guère entendre la même chose répétée par différentes personnes. Toutefois, je ne le prends pas plus mal que ça parce que je sais que c’est de l’inquiétude, qu’elle ne pense qu’à mon bien et à ma sécurité. « Je sais. » Je finis par dire. « Tu te doutes bien que tu n’es pas la seule à me le dire, mais au départ j’avais réellement besoin de m’éloigner de tout, y compris de la chasse et de la protection des terrestres. Je voulais avoir du temps bien à moi pour comprendre ce que je veux. » Je ne le sais toujours pas clairement. Je ne comprends toujours pas le choix de ma soeur et je ne sais toujours pas si je suis prête à me replonger dans cette guerre. Mais, comme Syrielle le souligne, j’ai ce nom qui m’attire des ennemis et des ennuis comme un aimant attire le fer. « Si tu veux on fait un pacte. Je te dis tout ce que tu veux savoir et toi tu accepte de t'entraîner avec moi » Je souris et opine doucement. « Je suis sûre que Caleb sera ravi de savoir que tu réussi là où lui échoue. Il est un très bon entraîneur mais je suis trop bornée pour l’écouter. » C’était un peu le même problème avec Zack à la différence que petite amie ou non du jeune Herondale, il ne me ménageait pas et se trouvait même plus dur avec moi qu’avec les autres - ce dont je lui suis reconnaissante. « J’accepte et je te promets d’être plus attentive qu’avec ton cousin. » J’affirme alors qu’un large sourire étire un peu plus mes lèvres.

Peut-être que je finirais par revenir au sein de la Rébellion … l’avenir est incertain après tout. Personne ne sait de quoi sera fait demain, encore moins moi. Je n’ai déjà pas la moindre idée de ce que je vais faire une fois mes révisions terminées, alors demain n’en parlons même pas. Néanmoins, je ne serais pas surprise de craquer tôt ou tard. Il n’y a qu’à me voir lorsque je me retrouve avec mon arc dans la main. J’ai l’impression de revivre … littéralement. C’est comme si une partie de mon corps m’avait été arrachée et qu’une fois l’arme dans mes mains elle m’était rendue. C’est un peu gore, certes, mais c’est malgré tout l’impression que j’ai à chaque fois. Les entraînements, les combats sont une drogue dont j’ai de plus en plus de mal à me défaire même si l’un des deux est clairement plus dangereux que l’autre. Mais que serait la vie sans sa part de danger ? Surtout pour nous autres chasseurs d’ombres. Nous sommes aimantés au danger, c’est à croire que nous faisons toujours tout ce qui est en notre pouvoir pour aller vers ce dernier ou pour l’amener à nous. C’est de l’adrénaline qui nous permet d’être encore plus vivant que ça ne peut être déjà le cas. C’est une partie de nous mais, malgré ça, ma mère a toujours fait en sorte d’éloigner ses filles du danger. Derrière ses airs sûrs et sa froideur se cache une mère qui ne supporterait pas qu’il arrive quelque chose à ses bébés. Elle en a perdu un récemment et elle se noie dans le travail pour ne pas y penser, pour ne pas souffrir. Je m’en veux de lui mener la vie si dure tout en sachant ça, mais j’ai moi-même ma façon de réagir à tout ça, comme ça peut être le cas de mon père qui passe encore plus de temps dans son bureau ou ma petite soeur qui semble être la plus perdue de nous tous. C’est pour cette raison que je ne peux refuser la proposition de Syrielle de m’entrainer. En plus d’en avoir besoin, c’est la meilleure façon pour moi de renouer avec ce qui me manque. Toutefois, je ne peux pas m’empêcher de plaisanter parce que Caleb tente de m’entraîner mais mon meilleur ami a parfois tendance à oublier mon caractère et le fait qu’il est incapable de hausser véritablement le ton avec moi. « Cal est un super entraîneur mais c'est moi la stratège de la famille. C'est tout. Puis j'te signale que même si c'est lointain, c'est aussi ton cousin. » Je fais une légère moue tout en opinant. Notre lien de famille je ne l’oublie que très rarement. Je ne porte pas le nom Lightwood mais ça aurait pu être le cas si Magnus n’avait pas été aussi prudent en adoptant son fils - même s’il faut avouer qu’il aurait été difficile pour l’enfant de s’appeler Alexander Lightwood - mais je n’en reste pas moins liée à eux grâce au sorcier. « Ok. Donc on va faire bien les choses. J'vais chercher des ravitaillements dans la cuisine et après on s'y met ! Parce qu'il faut bien que tu les apprennes ces cours ! » Je n’ai même pas le temps de répliquer que Syrielle a déjà quitté ma chambre à toute vitesse. Un sourire amusé prend place sur mes lèvres. J’avais oublié comme ça peut être agréable autant de simplicité et de bonne humeur. Elle revient quelques minutes plus tard, les bras chargés de cochonneries ce qui me fait bien rire. En fait, les entraînements ne servent pas qu’à botter les fesses démons et des Obscurs, ils servent aussi à perdre toute la nourriture sucrée et calorique que l’on peut avaler. « Okay d'ac ! Cookies, brownies, pop-corn ? Choisis et on s'y met sérieusement ! Et après on sortira pour souffler ! » Je tapote mes lèvres de mon index en regardant tout ce sucre déversé sur mon lit et j’attrape la boîte de cookies. J’en sors un et mords immédiatement dans le gâteau. Dieu que c’est bon ! « Merci Sissy. Je crois que je ne tiendrais pas le coup si tu n’étais pas là à me soutenir et à m’aider. » Je lui dis dans un sourire plein de gratitude. Elle n’est pas la seule, il ne faut pas exagérer, mais son soutien est sans limite, sa bonne humeur toujours présente et c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment.