wicked game| mattias (+libre)

Wicked GameUn petit coup d’œil à ma montre me confirme ce que je savais de toute façon : mon client m’a posé un lapin. J’espère pour lui qu’il a une très bonne raison, car le moins qu’on puisse dire c’est que je déteste qu’on me fasse perdre mon temps. Exaspérée et d’humeur massacrante, je fais signe au barman de remplir mon verre avec ce même whisky dont j’ai bu la dernière gorgée un peu plus tôt. La musique est à chier et l’ambiance pas franchement fêtarde, mais l’endroit n’est pas si mal en soi. J’avoue, j’adore les endroits carrément flippants pour le commun des mortels. D’ailleurs, je suis réputée pour commencer les bagarres les plus épiques. Mon aura dissimulée par un simple sort, personne ne pourrait soupçonner que l’asiatique asociale assise au bar est en fait dealeuse d’illusion. Je détonne franchement au milieu des voyous, des motards et des prostituées, mais cela rend tout ça encore plus amusant. Bien que je sois accessoirement médecin légiste, j’ai toujours offert mes services et usé de mes pouvoirs d’illusionniste pour me faire un peu de blé. Dans tous les cas, je n’ai jamais été très douée pour suivre les règles. Un sourire cynique en coin, je pense sérieusement à me battre avec quelqu’un si l’occasion se présente. Les bagarres, j’adore ça. En fait, ce que je préfère c’est de botter les fesses à des hommes et heurter profondément leur égo démesuré. Après tout, je dois bien me servir d’une façon ou d’une autre de mes acquis. Puis, ce serait dommage de perdre la main à cause d’un manque cruel d’entraînement. Les vraies leçons ne s’apprennent qu’en temps réel, au cœur de l’action. Ce n’est que maintenant que je le vois arriver. Déjà une heure passée ici et mon client n’arrive que maintenant. Heureusement pour lui, j’avais envie de boire un coup. Sinon, je serais partie maximum trois minutes après l’heure convenue pour le rendez-vous. Bonsoir princesse, dis-moi, je te dérange? Tu sais… Je peux repasser plus tard! J’ai que ça à faire attendre que tu ramènes t’es petites fesses d’emmerdeur. Parlant d’une voix calme, mais empreinte d’un sarcasme acerbe, je lui dis ma façon de penser avant de l’inviter à s’assoir en souriant mielleusement. Ce n’est pas grave! Je te pardonne, dis-je avant de lui empoigner la tête et de lui faire rencontrer la surface du bar. Voilà, maintenant c’est bon, ajoutais-je en souriant. On ne fait pas attendre une femme. Dégage et revient vendredi soir à la même heure en tâchant d’arriver à l’heure. Ma voix totalement calme fait un contraste saisissant avec la violence dont je fais preuve. L’homme suit mes indications et sort de l’établissement totalement furieux. Je doute qu’il vienne vendredi, mais ça lui apprendra. Au moins, il aura appris les bonnes manières. Sentant une présence derrière moi, je me retourne pour jeter un coup d’œil et découvre un visage familier.