TC : Fête Foraine

Voilà que Lolita se tenait devant l'entrée de la fête foraine, émerveillée. Elle redevenait gamine comme ça, la belle. Les lumières, les rires, les cris, les gens.. L'idée de faire tout les manèges qui défilaient sous ses yeux lui faisait oublier ses problèmes : le fait qu'elle ait lâché ses études car elle n'y comprenait rien, au grand damm de ses parents. Elle n'avait de cesse de se faire traiter de blonde, sans qu'elle y comprenne grand chose Lolita. Au moins, elle, elle faisait ce qui lui plaisait : l'escrime. Son éducation bourgeoise l'avait initiée tôt au maniement du fleuret, si bien qu'elle en était devenue une championne junior en France. Immigrée, elle marchait néanmoins entre les stands comme si elle connaissait l'endroit sur le bout des doigts. Son oeil ne fût attiré que par les montagnes russes. Elle ne savait pas trop pourquoi, elle avait toujours eu besoin de sensations. Fortes. Alors en sautillant gaiement, elle vient se placer dans la file de l'attraction, rêvant déjà au moment où elle serait en haut de la descente.

plop :

L'uniforme, je ne l'avais pas porté depuis un bout de temps maintenant. Même le fait d'avoir appartenu à un autre service avant la criminelle ne m'avait pas amené à le mettre – et tant mieux parce que porter l'uniforme en étant aux stups était comme me mettre une cible dans le dos. Mais aujourd'hui je n'avais pas le choix, pas plus qu'Elias avec qui je patrouillai. La fête foraine était un événement très attendue à Chicago et, par conséquent, très sécurisée. De ce fait, lui et moi avions été envoyés là-bas dans notre bel uniforme que nous avions rarement l'occasion d'enfiler. C'était une bonne occasion pour nous retrouver tous les deux, loin du regard de nos équipiers à toujours devoir faire attention à nos gestes et paroles. Parce que oui, malgré la difficulté, nous entretenions une relation secrète qui me donnait l'impression d'être sur un petit nuage. « Si on était pas de service, j’aurai aimé t’embarquer dans la grande roue. » Un petit sourire étira le coin de mes lèvres. Je tournai la tête vers Elias. « Si on était pas de service, cette envie d'aller dans la grande roue je te l'aurais vite fait oublier. » Affirmai-je en lui lançant un regard taquin. Malheureusement, nous étions de service et le seul bon point était que nous pouvions être tous les deux pour le reste de la journée et juste nous deux – avec toute une foule nous entourant, mais passons.

« J’en ai pas le moindre doute. Il me semble que tu dois toujours me montrer ta nouvelle lingerie » Mon sourire se fit encore plus taquin tandis que je posai mon regard sur Elias. « C'est vrai … elle n'attend que d'être enfilée ce soir. » Parce que désormais je ne comptai pas passer ma journée et ma soirée ici. Non, j'avais des projets bien plus intéressants en tête maintenant. Seulement, ces projets allaient devoir attendre. De nouveau concentrés sur cette joyeuse foule, j'entendis Elias m'appeler et le vis partir aussitôt en direction d'un petit garçon visiblement seul et perdu. « Alors, bonhomme, qu’est ce qui t’arrives ? Ils sont où tes parents ? » Arrivée à leur hauteur, je me mis à chercher du regard des parents paniqués à la recherche de leur enfant, mais rien. Je reportai alors mon attention sur l'enfant qui haussa les épaules à la question d'Elias. « Je ne sais pas. » Finit-il par répondre. Je m'accroupis à leur niveau à tous les deux et attrapai doucement la main du garçon. « Et si on commençait par ton prénom ? Moi c'est Jazz et lui c'est Elias. » L'air totalement perdu, le regard du garçon voyagea d'Elias à moi et vice versa. J'avais la sensation étrange qu'en plus de ne pas vraiment savoir son prénom, il n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait. Il avait l'air tellement désorienté.

Se mettant sur la pointe des pieds, elle surveillait impatiemment l'avancée de la file. « Bouh ! » Lolita, elle sursauta bien évidemment, avant de sourire à l'invité surprise, ravie d'avoir trouvé un copain pour l'accompagner dans le manège. Pour garder bonne contenance, elle fût obligée de lui donner un coup dans l'épaule, le coeur battant encore trop fort sous l'effet de la peur. « T'es bête ! » Le sourire qui n'avait pas quitté les lèvres de la jeune femme disait le contraire. « J’espérais trouver ma sœur ici mais au final, faire ces montagnes russes avec toi, ça me plait bien. » « Oh, je suis touchée ! » Plaçant les mains sur sa poitrine à l'endroit même où se calmait son organe vital, elle mima grossièrement le geste pour accompagner ses propos. « J’te dérange pas au moins, t’es pas accompagnée ? » « Comme tu vois, je suis en plein rendez-vous amoureux avec Casper, donc je te prierais de nous laisser tranquille ! » Son sourire s'agrandissait de secondes en secondes tandis que le duo progressait de quelques pas. « Bien sûr que non tu ne déranges pas, Zack voyons ! Bon, et toi alors ! Comment tu vas depuis deux jours ? » La brunette voulait sincèrement savoir comment il allait, ce n'était pas qu'une question rhétorique. Le jeune homme était devenu un ami précieux, les deux partageant les mêmes passions. Elle ne savait pourquoi, mais c'est comme si elle se sentait liée à lui, d'une amitié bien plus forte que de raison.

Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans cette situation, quelque chose qui ne me plaisait pas. Comment ce petit garçon pouvait nous dire qu'il venait seulement de se réveiller ? Est-ce que cela signifiait qu'il n'y avait aucun parent pour veiller sur lui ? Elias se redressa et chercha autour de nous quelqu'un qui pourrait être paniqué et à la recherche de son enfant, mais rien. « Donne-moi la main bonhomme, comme ça personne ne se perdra plus. » Toby sembla hésiter puis sa petite main se glissa dans celle que je t'entendais. Je me rapprochai d'Elias. « Tu penses aussi qu'il n'a jamais été accompagné ? » Lui demandai-je aussi discrètement que possible. Très sincèrement je pensai surtout qu'il avait été lâchement abandonné en plein milieu de la foule, la meilleure façon pour abandonner un enfant sans être remarqué.

Je n'avais jamais compris ce qui pouvait pousser quelqu'un à abandonner un enfant de la sorte. J'avais moi-même dû me séparer d'un être ayant grandi en moi par le passé mais si j'avais eu le choix jamais je n'aurais mis ma fille à l'adoption. Mais abandonner un enfant après des années ? C'était un acte monstrueux. « Je sais pas. Mais il ne s’est pas retrouvé tout seul ici » Là-dessus nous étions d'accord. Toby avait été amené ici et j'espérai du fond du cœur me tromper. Je laissai Elias passer l'appel puis lorsqu'il me laissa le choix entre faire le tour et l'amener directement au poste, je baissai les yeux vers Toby. Je mordis ma lèvre, le cœur lourd. « Faisons un tour, on ne sait jamais. » En réalité, je ne pouvais pas me résoudre à l'amener directement au poste, ce serait comme lui faire comprendre qu'il avait été abandonné et j'étais encore assez naïve pour croire que nous trouverions ses parents. Si tel était le cas, je leur passerai un sermon bien comme il faut. « Allez, en route beau gosse. » Dis-je en lui adressant un petit sourire sans lâcher la main de Toby qui serait la mienne comme s'il craignait que je disparaisse.mais été accompagné ? » Lui demandai-je aussi discrètement que possible. Très sincèrement je pensai surtout qu'il avait été lâchement abandonné en plein milieu de la foule, la meilleure façon pour abandonner un enfant sans être remarqué.

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