Pleins d’autres créatures? Disait-elle vrai, finalement.. Son sang chaud brûlait toujours en silence dans le creux de ses veines, lui rappelant que personne ne devait lui dicter quoi penser. Mais si… Mais si c’était réellement lui qui était complètement dans l’ignorance… S’il était à côté de la plaque et qu’on lui envoyait Avalon pour le remettre sur sa traque. «
Personne ne me dicte quoi penser », était la comptine qui jouait en répétition entre ses deux oreilles. Depuis sa jeune enfance, Nathan n’avait jamais été fan qu’on lui impose ses choix. Sauf quand il s’agissait de ses parents, Nathan les écoutait et mettait en application tout ce qu’ils voulaient. Avec sa récente transformation, ceci n’avait pas changé pour l’extrême opposé, mais avait plutôt été amplifié. Depuis quand un loup se laisse diriger par quelqu’un d’autre qu’un Alpha? Cependant, quelque part dans ce corps, il y avait toujours Nathan, Nathan l’homme, Nathan l’humain. «
Écoute Emerick, tout ça existe et tu le sais. C'est à cause de ton côté loup-garou que tu perds les pédales. Je sais que tu sens que quelque chose ne va plus chez toi et je suis là pour t'aider alors arrête de penser que je suis folle. » Elle l’avait dit si froidement que ça venait en total contraste avec la beauté féminine et fragile qu’elle dégageait. C’était comme si elle venait de prendre 20 ans de plus en une seule seconde. C’est là qu’Emerick remarqua ses prunelles violacées qui étaient les plus magnifiques qu’il avait vu. Il les remarqua bien avant qu’elle se mette à tourner en rond ce qui d’ailleurs le déstabilisa, lui qui continuait d’admirer le violet dans ses yeux. Aviez-vous déjà vu des yeux de cette couleur? Pour Emerick, ce fut la première fois. «
J'ai 826 ans et je sais reconnaître un loup-garou lorsque j'en vois un.» Huit-cent-vingt-six ans… «
Les sorcières sont immortelles? Pas les loup-garou, je présume », lança-t-il sans réellement s’attendre à une réponse claire. Huit-cent-vingt-six ans, sérieusement? Dans quel genre de démence s’embarquait-il? Il ne se ferma pas complètement à la situation bien qu’il restait perplexe. Il savait que quelques choses clochaient chez lui désormais, enfin, plutôt depuis l’incident. «
Par l'Ange, même Leonard de Vinci était moins insupportable que toi lorsqu'il avait tort.» Ça y est, il l’avait choqué. Cependant, il ne le remarqua pas, il était de loin empathique depuis que la pleine lune s’approchait. Comme si son corps se préparait à éteindre son humanité durant la pleine lune pour laisser place à la bête qui sommeil encore. «
Tu sais, c’est un peu difficile de croire en tout ce que tu me racontes du jour au lendemain », et ça, Emerick le disait en le croyant très fort. «
Toutes les légendes sont vraies.» Emerick eut encore le droit à cet agréable échange de regard. C’était si relaxant se plonger dans ses prunelles, même si cela en n’était pas réellement le but. «
Elles sont magnifiques.. » Coupé sec, ils reprirent la marche.
Petit à petit, Emerick prenait de la distance. Il trainait de la patte, si ce n’est pas un mauvais jeu de mot. Le serveur était si perdu dans ses pensées. L’idée d’être la créature de ces légendes, celle qui terrorise les autres, celle qui dévore les innocents, celle sans pitié, tout ça lui faisait peur. Voulait-il réellement être ça?! Non. La sorcière devait probablement avoir un sortilège pour le retirer de ce destin qu’on lui avait implanté. Il sortit de ses pensées et fit quelques pas de course pour la rattraper. «
Comment je fais pour me transformer en cette bête? », questionna-t-il à Avalon en insistant sur le mot
transformer qui résonnait étrangement dans sa bouche.
Ne sachant plus quoi penser, Emerick se gratta l’arrière du crâne. Avalon, elle, sortait de son sac un livre qui allait enfin pouvoir l’aider. D’un coup de main, la poussière s’envola dans une fumée grisâtre. Si le livre datait d’aussi longtemps qu’Avalon, la page qu’elle lui remit entre les mains allait probablement s’effriter entre ses doigts. «
Ça te fera un peu de lecture chez toi.» Il passa son regard sur la page lisant en diagonale les titres et les sous-titres de celle-ci. «
Merci, je suppose », dit-il en continuant d’examiner la vieille feuille. Elle reprit la marche, tandis qu’Emerick n’avait pas remarqué. Cette feuille le captivait énormément. Il allait apprendre ce qu’il était réellement grâce à une simple feuille tiré d’un bouquin poussiéreux. Il leva la tête, voyant que la magicienne avait encore prit de l’avance. Il enjamba les quelques mètres entre eux, posa sa main sur l’épaule d’Avalon pour avoir son attention. «
Est-ce que tu sais si… », puis là, il s’arrêta. «
Au revoir Nathan », pensa Emerick ayant l’intention de faire taire sa petite voix intérieure. «
Rien. Laisse tomber, ce n’est plus important puisque maintenant j’ai ceci », termina-t-il en agitant la feuille devant Avalon.
Avalon d’un air nostalgique contemplait le paysage et probablement ce qu’elle avait pu faire dans ses lieux. La seule chose qu’Emerick pouvait se remémorer de ses lieux, c’était la fois ou il s’était battu parce qu’un homme l’avait bousculé par accident. Ou bien la fois qu’il avait poussé cet autre homme contre l’arbre, car il bloquait son trajet à cause des nouvelles constructions. Bref, ils eurent à peine le temps de faire deux ou trois pas avant qu’Avalon se retourne vers lui. «
Puis arrête de m'appeler sorcière ou magicienne, je suis une fée et pas n'importe quelle créature lambda.» Emerick hocha la tête, tout simplement. Il n’avait jamais voulu l’offenser, comme il n’avait jamais voulu devenir ce monstre sauvage. Sa petite voix intérieure vint continuer le combat dans sa tête, mais pour une rare fois, elle gagna le droit de parole. «
Avalon, tu sais si dans la feuille que tu m’as donné », il s’arrêta pour inspirer une bonne fois. «
S’il y explique comment on fait pour se débarrasser de la lycanthropie. Il doit bien y avoir un sortilège que tu peux faire pour contrer cette malédiction. », dit-il vulnérable. Oh ça, il s’avait que tout ce cirque de loup-garou n’était qu’en fait une malédiction. Il en avait lu des tonnes de livres mythologiques et des légendes encore plus folles les unes des autres. Dans la majorité, ils parlaient de la lycanthropie comme une malédiction. Ne voulant pas être prétentieux, Nathan n’avait rien faire pour être maudit. Il ne voulait pas être un homme-loup, c’est tout ce qu’il demandait. D’un coup, un voile neutre vint camoufler son visage. Simple précaution puisqu’Emerick n’était pas faible.