I swear I'm not following you [Meira & Lehr]

Il est encore tôt quand Lehr décide de sortir et de s’aventurer dans Chicago. Il fait même un tour par le Lincoln Park qui borde l’autre rive du lac Michigan il aurait pu s’installer plutôt de ce côté de la ville, mais déjà il y a cinquante il trouvait le quartier trop… animé. S’il apprécie d’y venir, il ne supporterait pas d’y vivre, l’East Side est plus calme et ça lui convient bien. Ses pas finissent par le guider vers l’un des centres commerciaux de la ville. Les boutiques ne sont ouvertes que depuis à peine une heure que déjà le centre grouille de monde. Un sourire étira son visage alors qu’il passait devant une boutique de lingerie, il n’avait pas oublié la promesse qu’il avait faite à Meira, pourtant il s’en détourna pour se rendre dans le café en face. Pas parce qu’il ne comptait pas honorer sa parole, un faerie tient toujours ses promesses, mais parce qu’il ne connaissait pas trop ses goûts en la matière au final… et il n’avait pas vraiment fait attention à la lingerie qu’il avait réduit en lambeau ce soir-là, il était contraint de l’admettre. Et s’il l’avait vu grandir de loin, il se rendait compte qu’au final il n’avait jamais réellement appris à la connaitre, même si l’on pouvait dire qu’à présent il la connaissait au sens biblique du terme… Peut-être l’emmènerait-il une prochaine fois pour qu’elle choisisse elle-même.

Le faerie commanda un café, ou plutôt une boisson caféinée, car entre la crème, le lait, le sucre, le chocolat ajouté à sa boisson on ne pouvait plus vraiment appeler ça un café… à cela il ajouta trois gâteaux différents. Tous à base de chocolat. Depuis le soir où lui et la louve avaient succombés au plaisir de la chair, ils ne s’étaient pas vraiment parlé. Il l’avait bien aperçue à la rave d’il y a quelques temps organisée par les Obscurs, mais cette soirée était tellement vite partie en cacahuète qu’il n’avait pas vraiment eu le temps de l’approcher avant que la meute ne rentre au Quantum… Peut-être n’avait-il pas suffisamment essayé au fond… Il faut dire qu’il ne savait pas vraiment ce que disait le guide des relations à ce sujet, comment est-on censé se comporter après avoir couché avec celle que vous avez protégée pendant des années ? Surtout quand vous couchez déjà régulièrement avec son alpha… Vous avez la réponse ? Non ? Lui non plus…

Pendant ce qu’il lui parut une heure, il regarda les Terrestres aller et venir dans les boutiques, certains ne faisant que venir acheter rapidement un petit déjeuner avant de foncer au travail, il y avait aussi les jeunes qu’ils voyaient zoner, sans doute à faire l’école buissonnière sans pouvoir rentrer parce qu’un de leurs parents se trouvaient chez eux. Ou encore cette mère de famille qui venait faire ses courses après avoir déposés ses enfants à l’école. Il était toujours fasciné de voir que les humains n’avaient pas la moindre idée de ce qu’il se passait dans le monde obscur et continuaient à vivre leur vie comme si de rien n’était.
Du coin de l’œil il aperçut une silhouette plus que familière, ses courbes et sa longue crinière blonde, il les aurait reconnues entre mille. La question était la suivante : devait-il lui faire signe de le rejoindre, se lever pour venir à sa rencontre, ou juste s’éclipser et faire comme s’il n’avait jamais été là ? Si quelqu’un pouvait lui donner la réponse, il serait preneur !

Le faerie avait pu observer la jeune femme quelques courtes minutes avant que celle-ci ne remarque sa présence au loin. Il ne put s’empêcher de sourire en réponse à celui de la louve. S’il ne l’admettrait jamais à personne, sans doute même pas à lui-même, voir les doux traits de son visage lui avait manqué. Et cela ne faisait pourtant que quelques jours, du moins était-ce l’impression qu’il en avait… d’un autre côté il avait l’impression que c’était encore hier qu’il perdait Tara alors…

Lorsqu’elle le salua, il estima qu’il serait sans doute plus poli de venir la voir. L’irlandais étira sa longue silhouette, se relevant de la chaise où il était installé. Laissant un généreux pourboire il se dirigea ensuite à la rencontre de Meira toujours assise sur un banc. « Bonjour petite louve. » la salua-t-il comme il en avait pris l’habitude, ne se préoccupant pas des quelques terrestres qui passaient autour d’eux, de toute façon ces idiots ne faisaient même pas attention à eux, et quand bien même, ils penseraient sans doute que c’était une private joke entre deux amis. S’ils savaient.

« Je suis désolé que tu aies été blessée le soir de la rave… » souffla-t-il, entama-t-il la discussion, cherchant malgré lui quelques traces de l’incident. Quand il l’avait vu blessée, il avait voulu exterminer tous les Obscurs, mais ç’aurait été s’impliquer dans cette guerre. À la place il avait permis aux loups de partir sans trop de pertes. Ça avait été difficile pour lui de laisser la meute emmener Meira plutôt que de la prendre avec lui pour la soigner, mais il avait estimé que son pack lui serait plus profitable pour la guérison que sa seule présence. Il espérait qu’il avait fait le bon choix, à la voir en tout cas elle avait l’air de s’en être totalement remise.

Il remarqua cependant qu’elle avait l’air légèrement fatiguée, comme lorsqu’on vient de passer des heures à faire les magasins, pourtant, aucun sac ne trônait à ses côtés. « Si tu t’octroies une journée shopping, celle-ci ne semble pas vraiment fructueuse. » souligna-t-il, se demandant la raison pour laquelle la jeune louve était mains vides. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas assez d’argent pour acheter ce qu’il lui faisait envie ? Il ne connaissait pas vraiment les revenus de la meute, sans doute étaient-ils moins riches que la meute du Nouvel Ordre, cela ne serait pas étonnant au fond. Ou était-ce juste parce que, sans avis extérieur, elle n’arrivait pas à se décider ? « Est-ce que… est-ce que tu souhaiterais que je t’accompagne ? » demanda-t-il presque timidement. Lui, Lehr, faerie de plus de cinq cent ans avait l’impression de se comporter comme l’un de ces stupides ados Terrestres. Ridicule. « Après tout, je te dois toujours un sous-vêtement. » rappela-t-il avec un sourire en coin. « Je n’ai pas oublié. » Oh non, il n’avait rien oublié de cette nuit-là, et croyez-le, il n’était pas prêt de l’oublier.