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EMMA DE LORNET & ZACK B-HERONDALE

L’adrénaline coule à flot dans mes veines. Mon coeur bat tellement vite que j’ai l’impression que n’importe qui peut l’entendre à des kilomètres à la ronde. J’ai peur et je suis excitée à la fois, un mélange quelque peu déstabilisant si vous voulez mon avis. Tous mes sens semblent être en alertes, à l’affut du moindre bruit étrange … ou du moindre bruit tout court. Mon arc est bandé et je sens le poids de mes flèches dans mon dos tandis que nous avançons à pas de loup dans cette ruelle sombre que Chicago nous offre. Du coin de l’oeil je le regarde. Je le vois concentré et tendu à la fois ce que je n’arrive pas à m’expliquer. C’est supposé n’être qu’une patrouille de routine et pourtant j’ai l’impression claire et nette qu’il y a autre chose. Je n’ai pas vu Zack aussi raide depuis … depuis un moment en fait. Ces derniers temps tout semble aller pour le mieux. Certes, nous rencontrons quelques imprévus mais nous ne perdons pas de vue que si nous restons ensemble nous serons capables de les affronter. Du moins, j’ai fini par m’en persuadée parce que je crois en nous et que je sais qu’il me rend plus forte. L’annonce de ma grossesse l’a quelque peu pris de court, ça a également été le cas pour moi mais finalement nous l’acceptons et je suis persuadée qu’il fera un père formidable — en revanche je suis moins convaincue de m’en sortir mais je ferais tout pour. Mais là … il y a quelque chose. Je peux le sentir. Difficile d’expliquer de quelle manière mais c’est le cas. Peut-être est-ce que parce que nous avons ce lien spécial que nous uni tous les deux ? Je ne saurais trop dire. En tout cas le silence qui nous englobe – bien que nécessaire lorsque nous sommes à l’affût du moindre démon ou ennemi – commence à sérieusement me peser. « Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as voulu que je vienne. » Je finis par dire pour faire enfin cesser tout ça. Je m’arrête, le forçant à en faire de même. « C’est vrai quoi ! » Dis-je lorsqu’il pose son regard sur moi, le regard qui veut dire ‘mais de quoi tu parles ?’. « J’ai peut-être repris mes entrainements mais je suis loin d’être au même niveau qu’avant et puis … tu veux bien me dire ce qui t’arrive ? T’es tendu et j’aime pas ça, Zack. » Parce que généralement lorsqu’il est comme ça, il n’est pas loin d’exploser. Le souci c’est que je n’ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans sa petite tête et c’est frustrant. Il peut être soucieux et tendu mais pas avec moi parce que lorsqu’il l’est c’est qu’il remonté contre moi. Si c’est le cas j’ai besoin de savoir ce que j’ai pu faire de travers. A mes yeux il n’y a rien. Il m’a demandé d’être plus prudente et je le suis. Je ne sors plus de l’Institut sans être armée. Je camoufle mon arc et me balade à travers la ville avec ce dernier. Je m’efforce de toujours rentrer directement à l’Institut dès que je quitte l’hôpital et je ne cherche pas les ennuis – du moins pas en général. Alors non, je ne vois vraiment pas de quoi il s’agit et oui, ça m’agace

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Depuis que nous avons quitté l'Institut et depuis que nous sommes arrivés dans cette partie de Chicago je n'arrête pas de me demander pour quelles raisons je suis là. Je ne suis même pas supposée prendre part aux patrouilles parce que j'ai décidé de m'éloigner de tout ça, de ce monde auquel j'appartiens. Et puis, je suis enceinte. Certes ça ne fait pas de moi une handicapée, je peux toujours marcher, courir et me défendre aux besoins mais je mentirai si je disais que je ne préférerais pas rester bien sagement dans ma chambre … en sécurité. Là, c'est comme courir au devant du danger, jouer avec le feu dans l'espoir de se brûler. Seulement, je n'avais pas de raisons valables aux yeux des autres pour refuser. Hormis Zack et moi, personne n'est au courant de ma grossesse – ce qui est très bien comme ça pour le moment – si bien que j'ai dû suivre et … je le regrette. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe dans sa tête et j'aimerai le savoir. Je voudrais pouvoir comprendre la raison de son comportement. Je n'ai pas l'habitude qu'il soit aussi froid et distant avec moi. Pas un regard, pas le moindre signe d'affection. Depuis que nous sommes partis c'est comme si je me trouvais en compagnie d'un mur de glace. N'en pouvant plus, je m'arrête et cesse de faire attention à ce qui nous entoure. J'ai trop besoin de savoir pour être capable de me concentrer sur notre mission et je lui demande ce qui se passe, ce qui lui prend d'être aussi tendu. Pendant un bref instant j'ai le droit à un regard de sa part puis il semble se focaliser sur autre chose ce qui m'agace. « Je n’ai jamais demandé à ce que tu viennes ici » Me lance-t-il si brutalement que j'en reste bouche bée. Je le fixe sans savoir quoi lui répliquer. J'ai bien envie de lui en coller une ne serait-ce que pour lui apprendre à me parler de cette manière seulement il active son poignard séraphique et me fait réaliser à nouveau la raison de notre présence ici. Par réflexe, je bande à nouveau mon arc au moment où un démon sort de je ne sais où. Je n'ai pas même le temps de réagir que Zack passe devant moi, se transformant ainsi en bouclier humain avant de littéralement se défouler sur le démon que, étrangement, je plains. « Tu trouves que je suis tendu ? Demande donc à ta mère. » Et de nouveau il ne me regarde pas. Je range mon arc et vais me planter devant lui. Il est plus grand que moi et peux ne pas me voir, seulement il ne peut pas m'éviter pour autant. « Demander à ma mère ? » Dis-je ironiquement. « C'est à toi que je parle, Zack ! C'est moi qui suis en train de subir ton humeur sans avoir la moindre idée de ce qui se passe. Pourquoi tu te ferme d'un coup ? Si j'ai fais quelque chose de travers dis-le moi parce qu'aux dernières nouvelles je ne suis pas télépathe ! » Je tente de croiser son regard, mais rien à faire. Dieu que j'ai envie de lui en coller une ! Je m'apprête à reprendre la parole lorsqu'un frisson parcourt toute mon échine. J'ai à peine le temps de le voir surgir dans la ruelle. Un démon. Parce qu'évidemment ils ne se baladent que rarement seuls ces saloperies. Je pousse Zack de justesse pour lui éviter un coup qui aurait pu lui être fatal et ce par ma faute puisque je suis celle qui le déconcentre. En revanche, j'ai moins de chance. Le démon me tombe dessus et m'entraîne dans sa chute. Mon dos rencontre violemment le sol et je grogne en me débattant contre cette chose horrible. A défaut de pouvoir atteindre mon arc, j'attrape mon poignard séraphique et le plante dans ce que j'imagine être sa gorge. Après un gargouillement qui me donne la nausée, il explose et disparaît dans un monde où j'aimerais ne jamais mettre les pieds. « Tu vois, c'est exactement pour ça que je n'aurais jamais dû venir ce soir. » Je crie malgré moi en fusillant Zack du regard.

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Si quelqu'un était amené à me le demander, la réponse serait oui. Oui, je le détestai à cet instant. La patience n'était pas l'une de mes qualités, c'était même tout le contraire. J'étais l'impatience incarnée quand bien même travaillai-je sur moi. Seulement là … là je n'en pouvais plus. Incapable de comprendre ce qui se passait dans sa tête, je sentais la frustration grandir de seconde en seconde jusqu'à ne plus en pouvoir. C'était une chance pour Zack que ces démons soient arrivés, sinon j'aurais explosé bien avant et encore pire que ce ne put être le cas après avoir tué le démon qui n'avait voulu faire de moi qu'une bouchée. Et pourquoi me parler de ma mère ? Je n'arrivai pas à voir où il voulait en venir, ce qu'il voulait me faire comprendre. Rajoutons à ça que je n'avais pas la moindre envie d'être là et vous obteniez de moi une personne hors d'elle. Bien sûr, puisque personne n'était au courant pour ma grossesse, trouver une excuse pour ne pas patrouiller était quasiment impossible, mais tout de même ! N'étais-je pas supposée être neutre ? Qu'importe, Zack se dirigea vers moi, une main tendue pour m'aider à me relever mais avant qu'il n'ait pu le faire, d'autres démons débarquèrent et il oublia aussitôt ma présence. « C'est ça, laisse-moi me démerder ! » Grognai-je, les dents serrées tout en sachant qu'il ne pouvait pas m'entendre. Non, monsieur était trop occupé à tuer les démons désormais. Je me relevai par mes soins – tant bien que mal malgré la douleur dans mon dos due à ma chute – et une fois sur mes deux pieds, je dus courir pour retrouver Zack qui, bien que parfaitement capable de se débrouiller par lui-même de ce que je voyais, n'avait pas vu arriver un autre démon. Sans plus attendre et sans même réfléchir, j'attrapai une flèche dans mon carquois et la tirai sur cette monstruosité qui ne fit pas long feu. « Joli tir » Plutôt que d'apprécier le compliment et le remercier, je m'avançai silencieusement vers lui alors qu'il se relevait. L'entendre dire qu'il allait bien me rassurer au fond, mais j'étais bien trop en colère pour m'en préoccuper plus que ça. « Je crois qu’on les a tous eu… Reste-là. Je vais voir » Encore une fois, je n'avais pas mon mot à dire. Zack partit vérifier la ruelle non loin, me laissant planter-là ce qui ne fit que m'agacer encore plus. Finalement, il revint et fit l'erreur de me demander si j'allais bien. Plus vite que je ne l'aurais imaginé, ma main frappa sa joue. Toute ma colère s'était retrouvée au bout de mon bras qui l'avait giflé. « Va te faire voir avec tes 'ça va', Zack ! » Lâchai-je, les nerfs en plotte. « Non ça va pas ! D'abord tu passes la plus grande partie de la soirée à être froid et distant. Ensuite, tu te jettes sur ces démons en étant plus imprudent que jamais. Tu me laisses toute seule, sans états d'âmes, pour leur courir après. D'accord, je sais me débrouiller mais ... » Je poussai un soupire, non pas parce que j'étais agacée – enfin un peu quand même – mais parce que la colère était trop forte. « Ce soir, je te déteste et je ne plaisante pas ! Alors maintenant tu arrêtes de jouer au con et tu me dis ce qu'il se passe sinon je te promets que je pars d'ici et que tu peux toujours rêver pour m'approcher dans les jours à venir ! » Oh comme j'étais sérieuse ! S'il imaginait un seul instant pouvoir s'en sortir avec ce qui m'avait fais subir ce soir, c'est qu'il avait oublié à quel point je pouvais être rancunière et bornée.

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Il fallait l'avouer, mes hormones ne m'aidaient pas réellement à garder mon calme. Si en général j'étais capable de me maîtriser un tant soit peu lorsque je sentais la colère monter en moi, ces derniers temps ce n'était clairement pas le cas. Mon humeur changeait sans arrêt me permettant de passer du rire aux larmes en un temps record. Toutefois, là ce n'était pas de leur faute, c'était celle de Zack. Il avait passé la soirée à être ce type insupportable que j'aurais probablement giflé bien avant s'il n'avait pas été mon fiancé. Mais à trop tirer sur la corde, j'avais fini par craquer. Mon exaspération l'avait emporté sur tout le reste et ma main avait violemment frappé sa joue. Sur le coup ce fut libérateur. C'était comme me défaire quelque peu de ma frustration même si mon agacement était toujours présent. Les menaces que je lui avais lancé n'étaient pas des paroles en l'air. S'il ne se dépêchait pas pour me dire ce qui se passait, je partais et il n'était pas près d'obtenir mon pardon. Je savais que Zack me connaissait assez pour savoir que je ne plaisantai pas ce qui ne l'empêcha pas de faire un pas vers moi et d'essayer de prendre ma main. D'un mouvement brusque, je me dégageai et gardai les mains en l'air pour lui faire comprendre qu'il perdait du temps. « Bon sang, bébé… » Mon regard toujours aussi froid restait porté dans sa direction. Il pouvait tenter de m'amadouer avec tous les mots doux qu'il voulait, ça ne marcherait pas. Zack le comprit et se lança enfin dans un début d'explications. « J’ai pas voulu que tu viennes ce soir, j’aurai jamais mis en danger le bébé. Tu le sais ça ? Mais… » Mais quoi ? Etait-ce une raison suffisante pour être froid ? Certainement pas ! Je restai néanmoins silencieuse et le laissai continuer sur sa lancée. « Mais on peut rien dire, parce que personne n’est au courant. J’en ai marre. Je…J’ai surpris tes parents en grande discussion. Ils veulent te marier à Brian Nichols, parce que ta mère pense que t’es capable de reprendre le flambeau si ils leur arrivaient quelque chose. COMMENT TU VEUX QUE JE ME SENTE ? Elle a bien conscience de nous et elle veut te marier à un autre ! Elle m’a connu bébé et elle ose me trahir comme ça ! Je n’ai jamais mérité ça ! » Zack avait commencé par faire les cent pas, signe que ce qui se passait le travaillait vraiment trop. J'étais attentive à ses paroles, cherchant à deviner par avance ce que mes parents avaient pu dire pour le mettre dans un tel état mais sans succès. Puis il donna un coup dans une poubelle. Etrangement, je ne sursautai pas. Je me contentai de le regarder ne sachant pas si ma colère était désormais tournée vers lui ou vers ma mère. « Est-ce que tu es sérieux ? » Je lui demandai dans un mélange de calme et d'agacement.  « Alors sous prétexte que ma mère croit encore qu'elle peut diriger ma vie tu t'es comporté comme ça avec moi ? Zack c'est toi que je vais épouser, pas Brian ! Je préfère encore être exilée ou mourir que me marier avec lui. » Et puis pour qui ma mère se prenait-elle ? Je pouvais comprendre qu'elle voulait s'assurer que l'Institut serait entre de bonnes mains si jamais il lui arrivait quelque chose – même si je n'étais pas sûre que les miennes soient les bonnes – mais de là à organiser un mariage arrangé ? Elle était tombée sur la tête.  « Tu n'as pas arrêté de me rassurer sur le fait que je n'allais pas te perdre, c'est à mon tour maintenant. » Plus calme que précédemment, je refis un pas vers lui et plantai mon regard dans le sien.  « Elle peut organiser ce qu'elle veut, s'imaginer ce qu'elle souhaite, la décision finale me revient. Et cette décision tu la connais. C'est avec toi que je veux passer le restant de mes jours. C'est avec toi que je veux élever notre fils alors sors-toi de la tête cette histoire. On va régler ce problème, on a toujours réussi jusqu'à maintenant. Seulement si tu recommences à te comporter comme ce soir, je fais grève ! » Affirmai-je en croisant les bras contre ma poitrine.

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Au fond de cette situation j'ignorai si je devais en rire ou en pleurer. Rester calme ou continuer de m'énerver. Ma colère jusqu'alors tournée vers Zack s'orientait désormais vers ma mère. Elle avait de la chance de ne pas être dans les parages puisque, me connaissant, je n'aurais pas été capable de garder ma langue dans ma poche. Je pouvais être réfléchie par moment. J'essayai de l'être autant que possible, mais avec ma génitrice c'était différent. Depuis quelques années – et surtout depuis le départ d’Éloïse – elle avait le don de me mettre hors de moi pour la moindre petite chose. Le pire dans tout ça était que cette histoire de mariage arrangé ne m'étonnait même pas. Il était vrai qu'elle ne pouvait pas être devin et ainsi savoir que Zack et moi étions de nouveau ensemble mais de là à m'arranger un mariage avec un homme que je détestai depuis toujours ? Il ne fallait pas pousser. Ainsi, ma colère envers Zack diminua petit à petit jusqu'à ce que ça soit à mon tour de le rassurer. Combien de fois l'avait-il fait ? Combien de fois avait-il fallu qu'il m'assure que je n'allais pas le perdre ? Trop souvent malheureusement. Avec le climat actuel dans notre monde, il était difficile de ne pas craindre de perdre l'être que l'on aimait. Toutefois, il était toujours là et nous étions encore ensemble. Malgré les embûches croisées sur notre chemin, nous avions toujours réussi à nous en sortir, à rester ensemble et soudés. Je ne doutai pas que nous en serions encore capable maintenant. « Je sais ! Ça je sais ! C’est les autres qui m’énervent. J’en ai marre de me battre sur tous les fronts dans ma vie. Je suis lassé de tenter de prouver que je peux y arriver, alors que tous mes proches tentent de me poignarder dans le dos. » J'aurais eu des milliers de réponses à lui donner, mais je préférai rester silencieuse. La vérité était que j'étais tout aussi lassée ces derniers temps. J'étais fatiguée de devoir me cacher sous prétexte que c'était nous mettre une grosse cible dans le dos. Je voulais vivre ma vie en plein jour et donc pouvoir être avec lui sans que ça ne soit dans un endroit où personne ne pourrait nous voir. « Je douterai jamais de toi, tu le sais. C’est juste… » Cette phrase, il n'avait pas à la terminer. Je voyais où il venait en venir et, toujours sans prononcer le moindre mot, je baissai les yeux pour regarder l'Ichor qu'il avait partout sur les mains. « Je ferai mieux de me débarrasser de ça. Attends-moi » Je le regardai s'éloigner et passer un grillage avec une telle agilité que je ne pus que sourire. J'avais beau être habituée depuis le temps, son aisance me surprendra toujours. Arrivée près du grillage, je lui signalai les endroits qu'il ne pouvait voir et où se trouvait également de l'Ichor avant qu'il ne revienne dans ma direction. « Attends… Un fils… ? » L'expression qui apparu sur son visage ne pu éveiller qu'une seule réaction : le rire. Prise d'un  léger fou rire, je pinçai mes lèvres pour me contenir. « Tu devrais voir ta tête ! J'étais pas sûre que l'information soit parvenue jusque-là. » Dis-je en passant mon index à travers le grillage pour tapoter son front. Mon autre main se posa sur celle de Zack qui agrippait les mailles de fer. « Je l'ai appris ce matin. Il n'y a pas plus rapide que Dr Bane. » Dis-je en levant les yeux au ciel. Magnus avait toujours eu cette tendance à parler sans trop réfléchir. « Ecoute, on savait que ça ne serait pas facile parce que ma mère est bornée mais on la fera changer d'avis et ça sera encore plus simple avec Magnus de retour. » J'ignorai comment mais il avait un don pour faire entendre raison à sa petite-fille. Si je devais désigner une seule personne que Juliette De Lornet écoutait sans broncher – ou presque – ce serait Magnus Bane. Même mon père et tout l'amour que lui portait ma mère ne suffisait pas à la faire dévier de sa trajectoire. « Sinon … on a toujours le ménage à trois comme solution. » Lançai-je en haussant les épaules comme s'il n'y avait pas plus banal que ça. A la grimace que fit Zack je compris qu'il n'était pas pour. « Je plaisante ! Il n'y a que tes lèvres et tes mains qui ont le droit de me toucher. Maintenant tu veux bien revenir de ce côté ? J'aimerai pouvoir prendre mon très sexy et habile fiancé dans mes bras. » Je reculai du grillage en prononçant ces mots de sorte à pouvoir le laisser passer de l'autre côté sans souci.

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Le retour de Magnus à Chicago était une véritable bénédiction. Ce n'était pas seulement parce qu'il était le seul à pouvoir calmer ma mère, c'était aussi parce qu'il avait été là pour moi si souvent lorsque j'étais enfant que son absence avait laissé un vide cruel. Si j'étais proche de mes parents et de mes sœurs, c'était toutefois vers Magnus que je me tournai lorsque j'avais besoin de conseils ou tout simplement d'une oreille attentive. Le fait qu'il ne soit plus avec nous m'avait forcé à garder pour moi bien des choses. J'avais parfaitement confiance en Zack pour me confier à lui, mais nous étions bien souvent aussi perdus l'un que l'autre si bien que les conseils avisés – en général – de Magnus étaient toujours les bienvenues. De plus, le sorcier me connaissait par cœur. Il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Je n'avais pas été étonnée qu'il comprenne pour Zack et moi. De toute manière, il avait toujours dis que nous étions nés pour nous compléter, deux âmes sœurs s'étant enfin retrouvées. A présent qu'il était de retour, j'étais persuadée qu'il serait d'une grande aide autant pour annoncer à ma mère que j'étais fiancée à Zack que pour annoncer ma grossesse qu'il avait deviné. « Tu l’as vu… ? Et il t’a dit ? Et il a dit quoi pour lui ? Pour nous… ? » Ces diverses questions posées par mon fiancé me firent sourire de plus bel. Comment me considérer autrement que chanceuse de l'avoir avec moi et qu'il soit le père de ce petit garçon qui grandissait dans mon ventre ? « Je l'ai vu. Il me cherchait. Visiblement la compagnie de ma mère ne l'intéressait pas. » Dis-je en levant les yeux au ciel. Elle était tellement tendue ces derniers temps que je ne pouvais que comprendre. « Et oui, il m'a dit. Il m'a simplement dit que ce petit gars avait de la chance de nous avoir comme parents. Pour nous … Zack tu sais qu'il a toujours presque crié haut et fort qu'on était fait pour être ensemble plus voire même qu'il aurait fallu nous marier à la naissance. » Oui parce qu'il fallait toujours que Magnus Bane exagère un peu, mais je l'aimai pour ça et pour rien au monde j'aurais voulu qu'il soit autrement. « Elle est aussi têtue que sa fille » Je grimaçai en entendant ces quelques mots. Je n'aimais pas être comparée à ma mère mais force m'était donnée d'accepter que, en effet, là-dessus j'étais bien sa fille. « Sa jolie gueule d’ange ne restera pas si jolie si je le croise, crois-moi » Je pinçai mes lèvres pour éviter de laisser trop apparaître le sourire qui pourtant voulait se manifester. Un vrai chevalier défendant l'honneur de sa dame. Néanmoins, Zack n'avait aucune inquiétude à se faire vis-à-vis de Brian. Si j'adorai une grande partie de la famille Nichols, lui en revanche m'énervait depuis presque toujours. Déjà petits, il me courait après et passait son temps à me chercher parce que, selon lui, c'était ainsi qu'il devait me faire comprendre qu'il m'aimait bien. En grandissant il s'était calmé mais mes sentiments n'avaient jamais été pour lui et ne le seront jamais. Une fois loin du grillage, Zack me rejoignit avec toujours autant d'adresse qui me laissait admirative. Ses bras passèrent dans mon dos et me firent décoller du sol. Un rire m'échappa avant que je ne capture ses lèvres tandis que mes pieds touchèrent à nouveau le bitume. « J'espère pour lui qu'il prendra plus de son père que de sa mère. » Je préférai un mini Zack, vraiment. Je voulais que notre fils ait toutes ses qualités plutôt que mes défauts. Je l'observai silencieusement regarder l'endroit où nous nous trouvions comme s'il s'en rendait seulement compte. J'admirai l'ossature de sa mâchoire, les traits parfaits de son visage avant qu'il ne m'entraîne avec lui je ne savais où. « Où est-ce que tu m'emmènes encore ? »,  « Tu verras ! Tu vas adorer l’endroit » Se contenta-t-il de me répondre en m'attirant derrière lui. Je ne bronchai pas, pas même lorsqu'il descendit un escalier de secours et me demanda de monter. Je le fis silencieusement et arrivai sur le toit de l'immeuble dont la vue me coupa le souffle. Zack me rejoignit rapidement et attrapa une nouvelle fois ma main. Il m'emmena un peu plus sur le toit, vers un coin aménagé qui était tout aussi beau que la vue de Chicago. Je le laissai aller bloquer la porte et m'apprêtai à ouvrir la bouche lorsque la sienne s'y plaqua. Mes mains glissèrent sur le haut de ses épaules, passèrent par sa nuque pour ensuite se perdre dans ses cheveux. Je lui rendis son baiser avec ardeur et envie. Instinctivement, mon corps se rapprocha du sien et s'y colla avant que je ne sépare nos lèvres afin de respirer. « Tu sais, tu ne devrais pas m'embrasser comme ça … ça risque d'éveiller trop de tentations. Je te rappelle que j'ai du mal à me contenir en ce moment. » Soufflai-je, mes lèvres à quelques centimètres des siennes et un sourire venant étirer les miennes.