eloma ◊ And the violence caused such silence

(n°1) And the violence caused such silence

Eloise De Lornet & Emma De Lornet

A bien y réfléchir, je n’ai pas vraiment la moindre idée de la raison de ma présence en ces lieux. Je ne sais même pas pourquoi j’ai quitté Chicago ni pour quelles raisons j’ai secrètement utilisé un portail pour atterrir ici - enfin si, je le sais mais je regrette. Le pire est que faire ça est plus risqué que de courir après un démon dans les ruelles sombres de ma ville natale. Les portails sont surveillés de près par le Nouvel Ordre. Leur utilisation est le meilleur moyen pour repérer à des kilomètres à la ronde la personne l’utilisant. Pourtant, lorsque je suis arrivée, aucune armée d’Obscurs ne m’attendaient. Peut-être que tout ce que j’ai mis en oeuvre pour arriver discrètement à Idris n’a pas été en vain ? Il n’y a pas une seule personne qui sait quel voyage j’ai entrepris. Personne ne sait où je me trouve actuellement à tel point que si quelque chose de mal m’arrivait, mes proches ne le sauraient pas hormis ma parabatai. Quant à ma tenue vestimentaire, j’y ai bien pensé. Débarquer vêtue de noir aurait été comme me mettre une cible dans le dos. Non, j’ai opté pour des vêtements rouges - du moins en partie - cette couleur que l’on lit désormais aux Obscurs. Tee-shirt large noir, tregging noir, des bottines rouges sang et une cape du même rouge volé durant une bataille à un Obscur tué. A peine arrivée, je rabats la capuche de cette cape sur ma tête et je commence à me balader dans les rues de cette ville qui jadis appartenait à mon peuple. J’aurais sans doute grandi ici si les choses avaient été différentes et, tandis que je regarde les bâtisses devant lesquels je passe, je ne peux qu’essayer de me l’imaginer. Seulement, je ne dois pas ma présence à Idris à une simple envie de visiter cette ville dont je n’ai qu’entendu parler. La veille, j’ai trouvé dans le bureau de ma mère des informations concernant ma soeur. Jamais je n’aurais pensé qu’elle aurait mené des recherches pour savoir ce que Eloise est devenue, mais je ne suis pas tellement surprise. Elle reste sa fille malgré sa trahison et je la soupçonne d’espérer pouvoir la faire revenir près de nous. Ayant lu qu’elle se trouve visiblement à Alicante, j’ai pris la décision de m’y rendre. Pourquoi ? J’aurais aimé dire que ce n’est que pour tenter de la raisonner, mais j’ai besoin de voir de mes propres yeux ma soeur dans l’autre camp comme pour faire mon deuil. Je sais que ma famille et Zack n’approuveraient pas ce que je fais. Zack plus que les autres. Je porte une main à la chaine que je porte autour du cou et à laquelle pend l’anneau des Herondale. Puis ma main glisse vers le bas de mon ventre. Je ne mets pas que ma vie en danger, mais j’ai besoin de le voir. Malheureusement, je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où se trouve Eloise. Toutefois, les Anges semblent être de mon côté. Je reconnaitrais sa silhouette parmi des milliers d’autres. Je la vois en pleine discussion avec un Obscur et je l’ai suis en toute discrétion. Mon arc et mon carquois sont camouflés par une rune que j’ai appliqué sur ces derniers avant de me transporter ici jugeant qu’ils attireraient trop l’attention. Je continue de la suivre jusqu’à quitter ce qui était autrefois la place de l’ange. Ils finissent par se séparer et ma soeur s’engage dans une petite ruelle où nous nous retrouvons seules. « Eloise ! » Je l’interpèle tout en sachant au plus profond de mon être qu’elle a deviné ma présence. Je ne saurais pas l’expliquer. J’ai toujours eu une certaine connexion avec mes soeurs, que l’une d’elle soit passée obscur n’y change rien visiblement. Je m’arrête et j’attends qu’elle en face de même et qu’elle se tourne vers moi, mon estomac noué par l’angoisse.

Je ne pourrais pas vraiment l’expliquer, mais lorsqu’un éclair traversa ma colonne, je compris que quelque chose n’allait pas. Quelqu’un était ici sans en avoir le droit. Alors oui, j’avais continuer ma discussion comme si de rien était, j’avais écouté une énième personne me dire pour une énième fois qu’il ne me faisait pas confiance, que mon nom ne lui plaisait pas. C’est à peu près a ce moment que je compris ce qui me chagriné, Emma était ici, à un endroit ou elle n’aurait jamais du mettre les pieds. Dès cet instant, seule sa sécurité me fit vibrer et sans attendre, je me mis à pousser cette discussion vers la fin. Acceptant d’une oreille distraite de me plier au bon vouloir d’un homme qui n’aurait sans doute pas fait le poids face à moi. J’avais beaucoup haïr mes parents, ma soeur restait à la même place. Alors je mis fin à la discussion, glissa sans un bruit dans une ruelle qui n’était jamais utilisé, ou très peu. Le genre de ruelle qu’on évitait car sans intérêt, sans commerce et rallongeant le parcours. Je savais que nous serions seule, isolée. Et sans attendre plus longtemps, j’entendis mon nom. Ne m’arrêtant que quelques pas après, je finis par me retourner, la regardant sans la moindre expression, sans laisser trahir le soulagement de la voir sans blessure. Saurait-elle repartir ainsi, je n’en savais rien, mais pour le moment, elle ne venait pas en étant mal, elle semblait en bonne santé. « Tu n’as rien à faire ici. », soufflais-je dans un premier temps avant de m’approcher d’un pas décider. La jaugeant d’un regard dure, je ne laissais rien transparaitre à la détresse qui me prenait, je ne voulais pas la blesser, mais je devrais le faire pour l’éloigner. « Pars d’ici avant que je ne te laisse plus le choix. », détestes moi, hais moi, mais part d’ici. Car même si j’avais envie de te parler, ici n’était en aucun cas le bonne endroit. Elle risquerait trop, elle pourrait se faire attraper et je n’aurais pas d’autre choix que de tuer la personne lui tombant dessus. C’était elle ou personne d’autre. Mais je savais surtout que si jamais quelqu’un attirait l’attention ici, je n’arriverais pas à la défendre sans qu’elle n’ait rien. Alors pitié Emma, part avant que je ne doive faire plus.

J’ignore ce que j’attends de cette rencontre. Je ne sais pas réellement pour quelles raisons je suis ici. J’y étais poussée par mon impulsivité, par mon instinct et sans doute par un besoin viscéral de le voir de mes propres yeux. Ce n’est pas que je doute des changements opérés sur ma soeur, mais il faut que je le vois par moi-même. Jusqu’à présent je n’ai eu le droit qu’aux dires de mes proches, de ma mère, mais pas une fois je n’ai eu l’occasion de voir ma soeur sous son nouvel aspect. Je dois avouer que je suis terrorisée. Je crains la réaction que je vais avoir une fois que je serais seule, une fois que j’aurais tout mon temps pour emmagasiner ce que je m’apprête à voir. Il va me falloir apprendre à maîtriser mon impulsivité, je le sais très bien. A cause de cette dernière j’ai tendance à me mettre en danger pour rien. Il n’y a qu’à voir ce que je fais aujourd’hui ! Quelle idée de me rendre à Idris alors que c’est infesté d’Obscurs ! Je risque ma peau et pourtant ce n’est pas ce qui me fait faire demi-tour. Non, je préfère foncer tête baissée et poursuivre le fantôme d’une soeur que je sais perdue pour toujours. Eloise a fait son choix et je sais que je ne serais pas celle qui la ramènera à la raison, ce serait avoir une trop haute estime de ma personne. Une fois plus que toutes les deux dans la petite ruelle, je laisse mon courage m’amener à l’interpeller. Elle s’arrête et me fait face. « Tu n’as rien à faire ici. » Dit-elle avant de s’approcher. Je sens cette froideur dans sa voix qui me donne presque des frissons. Néanmoins, je garde la tête haute même si avec cette capuche je ne suis pas certaine qu’elle puisse réellement distinguer les traits de mon visage. « Pars d’ici avant que je ne te laisse plus le choix. » Un rire nerveux m’échappe. C’est plus fort que moi même si je me sens aussitôt très stupide. « Vraiment ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Me tuer ? » Je demande en ôtant cette fois la capuche de sur ma tête pour qu’elle puisse voir à quel point je la fusille du regard à cet instant. J’ouvre grand les bras. « Vas-y, fais-toi plaisir ! Prouve-moi à quel point tu as changé ! Montre-moi comme ça peut être facile pour toi de rejeter ta famille. » Je crache, pleine de haine. Je ne tiens pas à mourir, vraiment pas, seulement je ne vais pas me laisser faire. Hors de question que je rentre chez moi la queue entre les jambes. « J’avais confiance en toi ! Tu m’as trahi sans le moindre regrets ! T’as pensé à Enola ? Je croyais qu’on devait la protéger toutes les deux mais ce n’était que des paroles en l’air, comme tout le reste ! Si tu veux me tuer fais-le parce que je ne partirais pas tant que tu ne m’auras pas dis pourquoi t’’as fais ça ! » Je me rends compte que je crie un peu trop et que ça risque d’attirer l’attention, mais au point où j’en suis qu’est-ce que ça peut faire ? Je me suis déjà mise en danger en venant ici, j’assumerais s’il doit arriver pire.

Je ne voulais pas qu'elle trouve la faille, je ne voulais pas qu'elle relève la seule chose que je n'aurais pas la force de faire, pourtant elle le fit. La tuer, j'en étais incapable, nos parents peut-être, mais pas elle, pas ma soeur. La regardant ôter sa capuche et écarter les bras, je la vis partir plus loin encore. C'était de la folie, en avait-elle conscience ? Que je lui prouve que j'avais changé, avec elle ? Comment faire sans la blesser physiquement, sans être radicale. Elle attendait un monstre, je l'étais sans doute, mais comme chaque monstre, j'avais une faiblesse, ce que mon coeur contenait par exemple. Elle reprit plus fort, crachant presque qu'elle avait confiance en moi, que je l'avais trahis, que j'avais trahis notre soeur. Elle remit en question ce que j'avais pu promettre. La colère monta en moi, et pourtant ce ne fut qu'un sourire carnassier qui s'étira sur mes lèvres, un sourire froid, un sourire mauvais qui ne reflétait absolument pas ce que j'étais amené à penser. Pourtant il existait, car j'avais besoin de repousser cette faiblesse, d'éviter de la confronter à mon nouveau monde. « Ton monde est bercé d'illusion Emma, tu finiras par l'apprendre. »Soufflais-je dans un premier temps avant de m'avancer vers elle, tendant ma main pour saisir son menton, je sentis un éclaire traverser mon corps. Ce contacte était naturel, familier, salvateur et pourtant interdit à présent. « Je croyais t'avoir apprit plus de chose, à commencer par ne pas sauter dans le feu pour en sauver les branches.. ». Mon regard se durcit un peu plus. « Quel est ton plan au juste, ta solution de sortie, t’as retenue quelque chose ou tu as juste été stupide ? ». Je cherchais à lui faire comprendre qu’elle venait de faire une connerie en étant la plus acide possible, mais en même temps, j’avais besoin de savoir si elle avait un plan de secours, si elle était juste venu se suicider. Car a première vue c’était ça. Dans le fond et malgré la rage de la voir ignorer combien j’avais été trahis, j’étais en colère de la voir ici sans protection, en colère contre elle et ceux l’ayant laissé partir comme nos parents… Elle ne devait pas rester là.

Mais qu’est-ce que je fais encore ici ? Ma réponse je l’ai eu ! Je l’ai vu se balader tranquillement avec un Obscur. J’ai vu la colère dans son regard plus sombre que je ne l’ai jamais vu. Et plus que tout encore, je vois ce sourire froid et malsain qui prend place sur ses lèvres. Ca devrait être suffisant pour répondre à cette question que je me pose depuis des jours, mais je suis incapable de repartir. Je n’aurais jamais pensé que la situation puisse prendre une telle tournure et je la hais encore plus en me rendant compte que si je reste c’est parce qu’elle me manque. J’ai cet espoir idiot de pouvoir la ramener alors que je n’y arriverais jamais. Elle finit par me dire que mon monde est bercé d’illusions et que c’est une chose que je finirai par apprendre. Cette réplique me fait rire. Je ne suis pas amusée, c’est un rire jaune, un rire ampli d’agacement. « Parce que tu crois que je suis encore cette petite fille innocente ? Tu crois que je ne le sais pas ? Ta trahison m’a suffit à le comprendre, n’ai pas d’inquiétude là-dessus. » Si avant la guerre me semblait appartenir à un autre monde, que je n’étais pas complètement dedans et que je m’amusais à rêver que ça se règlerait vite, lorsqu’elle est partie, lorsqu’elle m’a abandonné, en plus d’être tombée de haut j’ai pris conscience de la fille rêveuse que je pouvais être. Depuis cette fille n’existe plus. Eloise fini par briser la distance qui nous sépare. Elle attrape mon menton dans sa main et ses nouvelles paroles ne font qu’amplifier mon agacement. Je me dégage et recule de deux pas, le regard toujours aussi mauvais. « Je ne suis pas venue ici mourir si c’est ta question. Il n’y a plus que ma vie qui est en jeu maintenant. » Manière subtile de souligner que j’attends un enfant. Aussi imprudente que je puisse être, je ne mettrais pas mon enfant en danger. Je sais que par tous les moyens je m’en sortirais. « Je suis venue ici pour comprendre ce qui a pu pousser celle que je pensais connaître à faire un tel choix. C’était de l’égoïsme pure de ta part, voilà tout. » Je lui dis sans la moindre trace d’émotions. Pour moi il ne peut s’agir que de ça. Parce que sa souffrance je l’ai compris, je l’ai imaginé. J’aurais pu perdre Zack comme elle a perdu Ethanaël mais pour rien au monde je n’aurais tourné le dos aux miens. « Pour ce qui est de repartir d’ici, ne t’en fais pas pour moi. » Si je n’ai jamais été très attentive durant les cours de runes, j’ai néanmoins très bien retenue celle inventée par Clary Fairchild avant sa mort et qui permet de créer un portail. Bien qu’interdis d’utilisation car ce moyen de déplacement est très surveillé par le Nouvel Ordre, je le ferais quand même ayant sur moi tout le nécessaire pour me défendre.

Malgré tous ce qu’elle pouvait dire, je croyais en effet qu’elle était encore une enfant innocente, car sans cela, elle ne serait pas venu ici. Ne renchérissant pas, je me contentais de saisir son menton pour appuyer mon propos, pour demander si elle n’avait pas oublié tout ce que j’avais pu lui apprendre, si elle voulait mourir. Et oui, je m’attendais à tout sauf à cette réponse. J’avais su tenir mon rôle malgré tout ce que je voulais faire en cet instant avec elle, mais là… Il n’y avait pas que sa vie qui était en jeu ? Ma tête s’inclina légèrement avant que mon regard ne tombe sur son ventre. J’étais sur qu’il n’y avait personne d’autre avec elle, elle était venu sur un coup de temps j’étais prête à le parier et personne n’avait pu la suivre. Ce qui réduisait énormément les possibilités. Prise de court, mon regard se radoucit brusquement, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour le camoufler. Mes tremblèrent légèrement, ce qui me fit comprendre que le masque était tombé depuis trop longtemps. Détournant un instant le regard puis le visage, je fermais les yeux pour m’intimer de me reprendre avant de revenir sur elle, le regard à nouveau éteint et sans faiblesse. Elle reprit en disant qu’elle était venu pour comprendre ce qui m’avait poussé à faire ça, avançant que c’était du pure égoïsme de ma part. Ma mâchoire se serra aussitôt, me poussa à un contrôle extrême, avec elle le sujet de Ethanaël était compliqué. « Tu penses sincèrement que je serais partie simplement sur coup de tête ? Simplement car Ethanaël était mort ? Tu es tellement mignonne de croire que je vous aurais laisser derrière moi uniquement pour ça. ». Lui soufflais-je la voix tendu par une douleur naissante. « Il n’est pas juste mort, ce n’est pas juste un accident, on l’a tué, NOS parents l’on tué. ». Comment voulait-elle que je reste avec eux après ça. « Tu dis vouloir comprendre, tu me dis égoïste, mais pense à ces monstres qui te servent de géniteurs, à leur égoïsme, à ce qu’ils ont pu faire pour protéger leur utopie brillante et pure de toute corruption. ». Je n’étais pas partie sans raison. Elle m’avança alors que je n’avais pas à m’en faire pour elle, qu’elle pourrait repartir sans encombre, j’en doutais, d’ailleurs un rire caverneux s’échappa de ma gorge à l’écoute de ces mots. « C’est déjà un miracle que tu sois arrivé ici sans te faire remarque, ne force pas le destin, pas quand… », non je refusais de le dire, je refusais de mettre un doigt sur le fait que ma soeur était enceinte, sur le fait qu’elle… Qu’elle allait pouvoir aimer quelqu’un plus fort qu’elle même… J’aurais voulu la prendre dans mes bras et la ramener moi-même en sécurité, mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas lui donner d’autres raison de croire que je pourrais revenir, que les choses pourraient reprendre leurs places. On m’avait poignardé en plein coeur, en plein dans le dos et on m’avait laissé m’écrouler.

Comment agir autrement ? Comment le lui cacher ? Parce que malgré ma haine et ma colère, elle n’en reste pas moins ma soeur. L’espoir que j’ai toujours en moi, cet espoir qui m’a toujours caractérisé parce que je suis incapable de ne voir que le mal, fait que j’ai besoin de le lui dire. Je veux que ma soeur sache pour l’enfant que j’attends. Je veux qu’elle le sache bien que je ne sois pas certaine qu’elle y porte le moindre intérêt. De quelle manière suis-je censée savoir ce qu’elle est devenue maintenant ? Est-ce toujours ma soeur où est-ce que le mal l’a totalement dévoré le jour où elle est devenue Obscur ? A en voir sa réaction je sais que mon aînée est toujours là, quelque part derrière ce masque qu’elle porte comme pour m’effrayer. Elle a beau baisser les yeux et détourner son visage, je l’ai vu. J’ai vu cette lueur dans son regard que j’ai toujours connu. J’ai vu ses mains trembler et prouver qu’une part de bonté vit toujours en elle et mon espoir s’est rallumé aussitôt. Elle peut me servir ses grands mots et son regard assassin, maintenant je sais ce que je venue chercher ici, à Idris. Eloise est toujours là. Sa fureur refait surface. L’accuser d’être partie par pur égoïsme n’était peut-être pas à faire, mais pour le coup je m’en fiche. Il y a trop de choses que je veux comprendre et si je dois la faire sortir de ses gonds pour obtenir des réponses je le ferais. Je le fais déjà. Je l’écoute s’énerver et accuser nos parents d’être responsables de la mort d’Ethanaël. Non, c’est pire que ça encore. Elle les accuse d’être ceux qui l’ont tué. C’est faux. C’est complètement faux ! « Tu penses vraiment ce que tu dis ? » Je la questionne, les sourcils froncés. « Tu penses vraiment que notre père aurait été capable d’une telle chose ? NOTRE PERE ?! » Je hurle malgré moi. Léon De Lornet est l’homme le plus pacifiste que je connaisse. Chasseur d’Ombres certes. Prêt à défendre sa famille, certes. Mais tuer l’homme que sa fille aime ? Jamais. Ethanaël aurait pu être le pire des monstres que notre père n’aurait rien fait du moment qu’elle était heureuse avec lui. Et puis, il passe son temps enfermé dans son bureau à faire ses expériences. L’accuser du pire me met toujours hors de moi. « Et maman … elle est froide, elle est dure, mais tuer Ethan ? Eloise, sérieusement ! Quels intérêts ils auraient eu à faire ça ? Ils n’étaient même pas là ce jour-là. Tu vas accuser Zack aussi ? » Parce que lui était là ce jour funeste. Il les avait laissé parce que persuadé qu’ils arriveraient à se débrouiller. J’avais été là également. Je n’étais pas avec leur groupe, mais j’étais sur la même mission et je ne l’avais pas tué pour autant. Son rire me ramène à la réalité et ma mâchoire se serre. « Pas quand quoi ? » Je la questionne. « Pas quand je suis enceinte ? Parce que tu crois qu’attendre un enfant ça fait de moi une incapable ? Enceinte ou non, je suis toujours capable de te mettre à terre si je le veux. » C’est plus ma colère que ma raison qui parle. je sais que les Obscurs ont des avantages sur nous, plus de force et d’agilité, mais j’ai plus d’entraînements bien qu’autant de colère.

Je ne pourrais pas me voiler la face, du moins pas éternellement. Je savais que ma soeur avait vu cet instant de faiblesse, je savais qu'elle m'avait percé à jour, mais je n'avais pas pu faire autrement. Je n'avais pas pu camoufler ça. J'en voulais à mes parents, à ma mère, mais pas à elle. Pourtant, elle me targua d'égoïsme, ce qui n'était pas à faire lorsqu'on savait que tout n'avait été que trahison. Elle monta dans les tour, me demandant si je pensais réellement ce que je venais de dire. Puis elle protégea notre père. Oui, de nos deux parents, je savais que notre père n'aurait pas été capable d'une telle chose, du moins pas sans y avoir était forcé. Non, lui n'était qu'un dommage collatérale. Elle passa alors à notre mère et sans vraiment pouvoir me contrôler, je sentis mes mains se serrer fort, très fort. Elle n'était pas que froide et dure, elle était capable de tout. Elle passa alors à Zack, ajoutant qu'il avait été là, mais que je ne pouvais pas l'accuser. J'accuserais Zack d'autre chose, mais certainement pas d'avoir tué Ethan. Mais parents étaient les seuls blâmable. Alors oui, le fait qu'elle m'assure que je n'avais pas à m'en faire pour elle, d'autant plus avec ces révélations ne pouvait que me faire rire. Elle venait de risquer sa vie et celle de son enfant, il fallait être fou. Sa colère s'exprima alors à sa place. Je n'avais pas jugé sa grossesse handicapante d'un point de vue mission, juste d'un point de vu logique, elle se risquait à bien trop de chose. D'ailleurs ça influencé sur son jugement, car jamais elle ne réussirait à me mettre à terre. J'avais trop prit pour elle, pour les épargner.  « Ta réaction me prouve le contraire. Tu ne sais rien Emma, rien de réel. ». Rien qui ne pourrait l'aider. « Je n'accuse pas notre père de quoi que ce soit, j'accuse notre génitrice. Elle serait capable du pire pour nous protéger. Nos vies passent avant notre bonheur pour elle. Ethan était une donnée négligeable dans ma survie à ses yeux, pas aux yeux de son mari. ». Il ne fallait pas croire que cela me faisait plaisir, que je m'en m'amusais, j'étais en colère car ils avaient réussit à duper tout le monde. Me battre contre ça ? Contre eux ? Je n'aurais aucune chance de lui faire entendre raison. L'abattement de mes pensées se fit sentir physiquement, car mes épaules s'affaissèrent et dans un soupir, je repris. « Ils ont accusés, ou soupçonnés Ethan d'être un espion des Obscures, et ils l'ont fait tuer dans le doute… Simplement dans le doute. Ne me dit pas que lorsque ça touche les Obscures, notre mère ne devient pas légèrement hystérique… », et ses méthodes sont souvent sujet à controverses. Je n'étais pas moins distante, ni froide dans mes propos, j'avais juste dépassé la colère au point d'atteindre une sorte d'indifférence. « Un jour elle te trahira pour te protéger, ce jour là… Ne t'attend pas à pouvoir pleurer sur mon épaule ». Je ne serais pas une porte de sortie pour elle, je ne serais pas là pour elle, car je ne veux pas qu'elle s'isole, qu'elle souffre en pensant me retrouver. Je pouvais l'aimer, vouloir la protéger, je ne pouvais malheureusement pas le faire de notre mère. Je pouvais juste la mettre en garde et espérer qu'elle m'écoute, qu'elle m'entend. Elle devait cesser d'idéaliser, elle devait comprendre que oui, pour notre père notre bonheur était la priorité, mais pas pour notre mère. En attendant, parler d'ethanail avec elle, je ne pouvais plus le faire, pas comme ça, pas sans risquer de nous mettre en danger toute les deux, sans lui laisser croire qu'elle pouvait me sauver. Car elle ne pouvait pas revenir ici.

Plus les minutes s'écoulaient et plus je regrettai mon choix. Je n'aurais jamais dû venir ici, qu'importe le besoin que j'avais de vouloir voir de mes propres yeux le changement radical de celle qui avait été mon modèle durant des années. Cette Éloïse, celle que j'avais devant moi n'était pas celle que j'avais connu. Elle, je ne la connaissais pas et je n'avais pas envie de le faire. Un tel changement était-il possible ? Etait-ce uniquement la coupe infernale ou est-ce que ma sœur avait toujours eu cette part sombre en elle ? Si tel était le cas … l'avais-je également ? Trop de questions. Ses paroles me blessaient plus que je ne voulais l'avouer. Sa froideur, son rire sarcastique et les mots qu'elle prononçait, tout ça me faisait bien trop mal. Ma colère redoubla et je savais qu'à force de trop crier j'allais attirer l'attention sur nous, sur moi. Si j'arrivais à tel point, repartir à Chicago allait m'être plus difficile que je ne l'avais supposé en venant ici presque sur un coup de tête. Je l'écoutai me dire que je ne savais rien, me dire que notre mère était capable de tout pour s'assurer notre survie, y compris à réduire notre bonheur à néant. Je voulu répliquer qu'elle avait tord mais le pensai-je ? Mon silence fut ma réponse. Elle aurait été capable de briser Zack pour s'assurer que je reste en vie. Je le savais. Tout au fond de moi je le sais. Quand bien même avait-elle presque élevé Zack au point de le considérer comme un fils, je passerai toujours avant et s'il fallait s'occuper de lui pour que je continue de respirer, elle le ferait. Cette affirmation me fit frissonner malgré moi. « Alors t'as tout simplement préféré devenir Obscure ? » Demandai-je d'une voix plus brisée que je ne l'aurais voulu. « T'as préféré laisser Enola et moi ? Prendre le risque de devoir un jour nous tuer ou que nous on finisse par devoir le faire ? » Je secouai la tête de gauche à droite, ravalant tant bien que mal le sanglot que je sentais monter en moi. « Tes mises en garde n'ont pas de valeur. Rien ne me prouve que ce que tu es devenue ne t'a pas complètement transformé au point d'essayer de me manipuler pour me retourner contre mes proches. » Et pourtant je continuai de la croire, je continuai de me dire que j'avais toujours été méfiante vis-à-vis de notre mère sans trouver la raison et cette raison ma sœur venait de me l'offrir. « Mais j'ai eu ce que je voulais ... » Finis-je par dire, le cœur lourd.

N'étais-ce pas une raison suffisante ? La trahison n'avait-elle pas été assez grande ? J'aurais du rester ? Chercher à les des crédibiliser sans jamais y arriver ? Je n'aurais rien pu faire contre eux si ce n'est blesser tout le monde et continuer à souffrir. « Autant assumer ce que notre mère venait de faire de moi. », elle reprit en appuyant sur une corde sensible, à savoir l'abandon de mes soeur. Le fait que nous serions amené à nous entretuer. Qu'elle se rassure, je me laisserais mourir si cela venait à arriver, je viendrais à accepter la mort pour qu'elles n'aient pas à mourir, même si cela revient à leur faire porter le même poids sur le coeur. Je préférais mourir. « Alors ce jour là elle aura réussit à purifier sa famille. ». Je ne toucherais pas à mes soeurs, jamais, et je ne laisserais personne le faire, personne les approcher, les toucher. Mais je sais aussi que l'issue ne sera en aucun cas favorable. J'avais fait un choix définitif. Elle avança alors le fait que je la manipulais, que je voulais la retourner contre ses proches. Ce n'était pas une idée déconnante, mais je savais que le doute avait-été semé et qu'il n'y avait plus rien à faire à présent si ce n'est attendre que le temps face le reste. « Si tu le dis. » soufflais-je sans la moindre émotion dans la voix, je ne voulais plus m'énerver contre elle, je ne voulais plus agir contre elle. Je ne voulais pas lui donner une raison de revenir ici, de penser qu'a force de me parler elle saurait me tirer des ténèbres qui avaient prit mon coeur. Je ne voulais plus lui laisser croire de telles choses. Elle conclut en affirmant qu'elle avait eu ce qu'elle voulait. J'en doutais sérieusement, mais Emma n'était pas quelqu'un que l'on pouvait contre dire facilement. Elle pensait en être arrivé à la bonne conclusion, mais je savais qu'elle était à présent perdu. « Alors pars d'ici, tu n'as rien à faire là. », elle ne devait pas prendre le risque de rester, pour elle et pour le bébé.

Est-ce possible qu'une simple coupe – aussi magique soit-elle – puisse autant transformer quelqu'un ? Peut-elle vraiment transformer la personnalité d'une personne simplement parce qu'elle tend vers le mal ? Il faut croire que oui. Entre Eloïse et Garett, le frère de Zack, je ne peux que penser ainsi. Eux qui furent bons à une époque, sont devenus des personnes que je suis incapable de reconnaître. C'est à croire que cette femme que j'ai devant moi n'est que le sosie de ma sœur. Elle lui ressemble traits pour traits mais ce n'est pas la même personne. Seulement, elle et moi partageons des mêmes souvenirs et quoi qu'elle en dise, nous avons les mêmes parents. La différence est que je suis une néphilim et elle, une obscure. « Purifier sa famille ? Mais tu t'entends parler ? Elle ne veut rien purifier du tout, elle veut simplement que tout redevienne comme avant. » Ou presque puisque, connaissant ma mère, elle aimerait également que les Accords soient différents et que les Créatures Obscures soient traitées à leur juste valeur. C'est ça d'avoir comme grand-père un de plus puissants sorciers. « Tu te défends même pas … je te reconnais vraiment plus. » Parce que si elle tenait un tant soit peu à moi ou même à Enola, elle essayerait de faire quelque chose, de me faire comprendre qu'au fond elle est toujours là, mais rien. Je parle à un mur de froideur. « C'est ce que je vais faire ! » Je dois juste traverser toute cette ville et rejoindre le lac sans me faire attraper, mais je devrais en être capable. Je remets la capuche d'un rouge profond sur ma tête, cachant de nouveau mon visage à la vue de tous. « J'ai peut-être pas connu Ethanaël comme toi mais je sais qu'il aurait honte de tes choix. » Cette claque verbale prononcée, je lui tourne le dos et prends déjà la direction de la place centrale à partir de laquelle je devrais être capable de me diriger.